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La destruction de la forêt tropicale et l'exploitation des travailleurs forestiers et des Peuples autochtones sont des crises profondément liées, suscitées par l'extractivisme, l'exploitation illégale et des conditions de travail dangereuses. Pour parvenir à une véritable justice climatique, il est nécessaire de protéger à la fois les forêts et les hommes qui les entretiennent. 

L'une des sessions de l'Assemblée générale FSC a rassemblé des membres et des parties prenantes pour discuter de la protection des droits des travailleurs forestiers et des Peuples autochtones dans le cadre du Forest Stewardship Council (FSC).  

Bruno Bothua, de l'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB), a ouvert la session avec un message clair : la durabilité ne peut pas exister sans justice pour les personnes qui vivent et travaillent dans les forêts. « Rien pour les forêts sans leurs habitants » a-t-il déclaré, soulignant que 33 millions de travailleurs dépendaient des forêts pour leurs moyens de subsistance. 

Rainforest session

Comment mieux intégrer les droits des travailleurs au sein de FSC  

Les participants ont travaillé en petits groupes pour identifier les lacunes et les opportunités dans la manière dont FSC protège les droits des travailleurs. Des lacunes ont été constatées dans le processus d'audit - par exemple, les auditeurs ne connaissent pas toujours suffisamment les droits des travailleurs, et ce sont parfois les entreprises qui choisissent les employés participant aux entretiens, un frein à la transparence.  

Les rapporteurs ont également souligné la nécessité de disposer d'espaces de négociation constructifs entre travailleurs et employeurs. Les syndicats soutenus par les entreprises et une mauvaise application des lois dans les pays qui n'ont pas ratifié les conventions de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) exacerbent ces difficultés. Les travailleurs, en particulier les travailleurs saisonniers et autochtones, restent exposés à l'insécurité de l'emploi et à des problèmes de santé, et les femmes continuent souvent à être cantonnées à des rôles informels, saisonniers ou non rémunérés. 

Une autre préoccupation concerne le fait que la certification FSC est mal connue de la part des travailleurs. De nombreux travailleurs ne réalisent pas qu'ils sont employés par des entreprises certifiées, ils sont donc moins à même de faire valoir leurs droits dans le cadre du système. 

Bien que FSC ait les moyens de préserver les droits des travailleurs, par exemple avec le Principe 2, les exigences fondamentales en matière de travail dans le cadre de la Chaîne de contrôle, et la procédure de traitement des appels et des réclamations, les participants ont discuté d'autres initiatives nécessaires pour traiter ces questions. Ils ont appelé à des programmes de sensibilisation adaptés culturellement pour les travailleurs et les Peuples autochtones, à des mécanismes de réclamation plus rigoureux, et à la mise en place cohérente du droit au consentement libre, informé et préalable (CLIP). 

Rulita

Faire le lien entre la justice climatique et les droits des travailleurs 

Rulita Wijayaningdyah, membre du syndicat forestier indonésien Kahutindo et de l'IBB, a rappelé aux participants que « les travailleurs, les Peuples autochtones et les communautés locales sont des acteurs sociaux très importants dans le système FSC, et vivent côte à côte. ». Elle a lancé une table ronde pour réfléchir de façon approfondie à ces sujets.  

Tony Berggren, membre du syndicat brésilien SINTREXBEM, a souligné que le développement durable ne devait pas se limiter aux préoccupations environnementales, mais inclure les droits des travailleurs, car la plupart des abus en matière de travail se produisent au cœur des chaînes d'approvisionnement, où la surveillance est la plus faible. Il a appelé à une application plus stricte des normes FSC, à l'inclusion des syndicats dans les audits et à la formation des travailleurs, soulignant la nécessité d'une collaboration pour renforcer la compréhension à tous les niveaux. 

Ernesto Marval, de l'IBB, a rappelé que la protection des forêts tropicales, comme l'Amazonie, était inséparable de la défense des droits du travail et de la dignité des Peuples qui y vivent et y travaillent. Alors que 58 % des travailleurs de la forêt amazonienne occupent un emploi informel - contre 38 % au Brésil - il a alerté sur le fait que le travail informel entravait tant la justice sociale que la protection de l'environnement.  

« Il ne peut pas y avoir de justice climatique sans droits du travail », a-t-il expliqué, rappelant que les droits des travailleurs et des Peuples autochtones étaient essentiels pour la justice sociale comme environnementale. 

Mark Ofori Asante, membre du syndicat du bois et des travailleurs du bois (appartenant au TUC), au Ghana, a exprimé sa gratitude pour l'impact positif de la certification FSC, qui a amélioré les relations au travail, contribué à des salaires équitables et au bien-être des travailleurs dans le secteur forestier.  

« Nous devons prendre des initiatives audacieuses pour créer une économie forestière plus juste et plus durable, conscients que FSC n'est pas seulement un outil commercial, mais un signe d'espoir pour les travailleurs, les Peuples autochtones et l'environnement », a-t-il déclaré. 

Mark

Aller de l'avant  

Pour conclure, Rulita Wijayaningdyah a souligné que ce n'était que le début d'une conversation plus stratégique que FSC devait mener au sein de la chambre sociale et au-delà.  

Bruno Bothua a appelé à la solidarité entre les Peuples autochtones et les syndicats, tous deux défenseurs de la justice. Il a souligné l'importance de ces sujets à l'approche de la COP 30 de la CCNUCC à Belém, au Brésil, déclarant que les travailleurs et les Peuples autochtones devaient être au cœur des décisions. « Les forêts tropicales prospèrent avec leurs habitants », a-t-il conclu.