
La réunion parallèle « Des réclamations au changement : la préservation des droits des Peuples autochtones aujourd'hui » a rassemblé des chefs autochtones, des membres, des responsables FSC et des partenaires qui ont réfléchi à des expériences vécues et à l'utilisation des mécanismes de réclamation FSC. Ils ont partagé des enseignements tirés de cas difficiles et étudié la manière dont FSC pouvait renforcer la confiance via le dialogue et la coopération.
Plutôt que de débattre des normes elles-mêmes, les participants ont réfléchi à la manière de les rendre plus efficaces en pratique et partagé des récits sincères d'expériences vécues. En voici quelques temps forts.

Un appel à la collaboration
Peggy Smith, appartenant au conseil de la Fondation FSC pour les Peuples autochtones, a engagé la discussion en appelant à l’honnêteté et à la responsabilité partagée.
« Je sais que nous pouvons évoquer certaines situations très difficiles », a-t-elle expliqué, rappelant aux participants que la force de FSC consistait à traduire ses engagements écrits en résultats concrets.
« Nous avons des normes formidables », s'est-elle enthousiasmée. « Mais le problème est toujours la mise en œuvre, particulièrement lorsque ces excellentes normes ne sont pas respectées ou mises en œuvre comme elles devraient l'être ».
Elle a présenté la session comme une recherche collective d’améliorations concrètes, plutôt qu’une critique du passé.

Expériences sur le terrain
Originaire de Taïwan, le professeur Chiung-Hsi (Jesse) Liu a décrit la croissance rapide de la certification FSC - près de 70% des forêts nationales étant désormais certifiées - tout en soulevant de nouvelles questions sur la certification.
« Près de 70 % des forêts taïwanaises sont certifiées, et elles se situent quasiment toutes sur des territoires autochtones » a-t-il expliqué. Mais il a fait part de préoccupations concernant la mise en œuvre du CLIP (consentement libre, informé et préalable) et rappelé le droit des Peuples autochtones à dire « non ». Ses principales propositions pour aller de l'avant consistaient à reconnaître les personnes morales tribales, à renforcer les capacités des Peuples autochtones en matière de gouvernance et à réformer les normes FSC en matière d'audit pour s'assurer que le consentement est réel et vérifiable.
Nicholas Mujah Ason, secrétaire général de l'association malaisienne Sarawak Dayak Iban, a réfléchi à la manière dont la collaboration avec FSC était passée d'une confrontation à un partenariat.
« Auparavant, FSC était perçu comme une certification parmi d'autres. Elle obligeait les Peuples autochtones à quitter leurs terres. Mais grâce au Comité permanent des Peuples autochtones, notre premier ennemi est devenu notre ami parce que FSC nous a parlé et nous a écoutés ».
Originaire du Canada, David Flood, de Wahkohtowin Development, a décrit un cas dans lequel huit Premières Nations ont refusé leur consentement à un plan de gestion forestière qui a pourtant obtenu la certification.
« Ces huit Premières Nations ont écrit ensemble une lettre expliquant qu'elles ne consentaient pas à la mise en œuvre de ce plan et pourtant la forêt a été certifiée ».
Malgré les difficultés, il a réaffirmé son engagement en faveur de l'amélioration au sein de FSC.
« Je reste aux côtés de FSC. Je suis fier de ce système et des opportunités qu'il nous offre. »
Motion proposant des améliorations du système
Représentant FSC International, Lorena Martínez Hernández a présenté le travail en cours pour renforcer la manière dont l'organisation gère des cas complexes impliquant les droits autochtones, y compris ceux qui concernant les Peuples autochtones en isolement volontaire. D'après elle, on recense dans le monde plus de 200 peuples autochtones en isolement volontaire.
Elle a également noté qu'une motion demandant la révision des Principes et Critères FSC - en particulier du critère 3.1 - avait été soumise à l'Assemblée générale afin de proposer des orientations et des garanties plus claires pour la protection des Peuples autochtones en isolement volontaire.
« Ils ont choisi de rompre tout contact avec les sociétés nationales, souvent suite, ou en réaction, à des expériences traumatisantes », a-t-elle déclaré, avant de donner des exemples concrets, notamment un cas récent concernant les Mascho Piro au Pérou. La conclusion était que « le système FSC n'avait pas été suffisant ni adapté pour répondre à la situation », soulignant l'importance de l'avis élaboré à la demande du Conseil d'administration international de FSC sur le thème de l'isolement volontaire.
Ces avis portent notamment sur les zones interdites et les zones tampons. Pas de contact signifie pas de contact », a-t-elle conclu.
Du point de vue de l'Assurance, Matthias Wilnhammer, d'Assurance Services International (ASI), a souligné la nécessité d'un renforcement des compétences sur le terrain.
« Souvent, les entreprises n'identifient pas la présence de Peuples autochtones, c'est la racine du problème. Il faut améliorer les compétences en matière de gestion, de connaissances, d'aptitudes et d'attitudes, et une plus grande impartialité de la part des auditeurs est nécessaire. »
Stefan Jensen, de FSC Australie et Nouvelle-Zélande, a ajouté qu'assurer le maintien de la communication ouverte restait la garantie la plus simple et la plus efficace.
« La plupart des conflits surgissent après la rupture du dialogue », a-t-il ajouté. « Si vous voulez éviter les conflits, vous devez travailler sur le dialogue ».
Des réclamations à la collaboration
En conclusion, Marcus Colchester, membre du programme Forest Peoples et du Conseil d'administration de FSC International a résumé les échanges : les normes sont rigoureuses, mais la confiance dépend de la mise en pratique.
« La norme est bonne. Elle permet de répondre aux violations des droits des Peuples autochtones. Mais il faut améliorer la mise en œuvre, améliorer la formation, que les auditeurs soient plus indépendants et que la concertation soit appropriée du point de vue culturel si FSC veut honorer ses promesses. »
Marcus Colchester a souligné qu'il ne fallait pas considérer les réclamations comme des défaillances du système mais comme une opportunité de tirer des enseignements, faisant écho au principe autochtone selon lequel le progrès s'accomplit grâce au dialogue et à la prise de responsabilités.
Comme l'a dit en conclusion le Professeur Liu :
« Nous avons beaucoup à faire. Mais FSC nous ouvre la voie. Nous pouvons montrer l'exemple en Asie. »
Les participants se sont entendus sur le fait qu'au sein du système FSC, la protection des droits autochtones ne se limitait pas à la résolution des différends. Elle consiste à s'assurer que chaque processus, de la certification à l'audit en passant par le traitement des doléances, soit empreint de respect, de collaboration et d'apprentissage continu.